14 juillet. Mon Dieu, aujourd'hui, qu'en dire, quel sens?
Avec tant de recul le symbole s'étiole et ses suites surtout sont perturbantes. Nous ne nous sommes pas remis de la mort du Roi, tête coupée montrée au peuple, ni des charrettes, ni de la Terreur, ni de la Vendée. Nous qui pratiquons la repentance à outrance vis-à-vis d'autres peuples dépendant jadis de nous, ou donnant des leçons au bout du monde, nous n'avons pas le courage de mettre à plat toute cette période sur laquelle le mythe républicain s'est fondé.
Et pourtant je rêve d'une véritable espérance républicaine comme Saint Augustin, déjà, la nommait et d'un espace démocratique "non faussé" dans notre pays.
Je ne défends pas la monarchie, tout en regardant que nous fonctionnons comme si elle n'avait pas en apparence institutionnellement disparu, avec ses phénomènes de cour, ses palais, ses prébendes, ses barons, marquis et favorites.
Liberté, égalité, fraternité, dans la France d'aujourd'hui, aux murs des bâtiments publics, quel sens, quelle portée, quelle effectivité surtout?
Quand il n'y a plus que le football pour sortir les drapeaux et invoquer pour soutenir une équipe métissée le "sang impur (qui) abreu-veu nos sillons"...
Tout cela, le mythe républicain, s'est délité. L'homme vrai est à la recherche de la verticalité (les inventeurs de l'éphémère Etre suprême l'avaient compris) et l'horizontalité seule ne lui permet pas de reconnaître et de profiter d' une autorité, au sens politique et philosophique. Autorité, de augere, ce qui fait grandir, accroître ...
Nous avons des autorités, mais plus d'autorité, et la crise éthique et morale avant que d'être économique, industrielle et commerciale que nous traversons ne trouvera pas d'issue bonne si nous faisons l'impasse sur 1789-1794.
Notre identité républicaine mérite un immense chantier. Sinon, elle mourra, et pas que de l'Europe.
Après, les retraites aux flambeaux, les lampions, les bals populaires (ce qu'il en reste), les défilés, les musiques de guerre ou d'apparat, les feux d'artifice, tout cela, c'est du carton-pâte, du vent. Jusqu'à quand pourra-t-on se payer de mots?