Je viens de lire que l'oie blanche du Poitou est en péril car son espèce est moins prolifique que l'oie grise ou marron du Périgord; mon coeur en prend un coup.
L'oie blanche, c'est toute mon enfance; mon grand-père paternel était plumeur d'oie et travaillait chez Massonneau; il m'avait appris comment on plumait l'oie en ouvrant bien les doigts de la main pour y caser les plumes de différentes destinations et de différents usages, dont en effet le duvet pour l'édredon.
Autres souvenirs des soirs d"hiver: mon grand-père revenait du travail la nuit et déposait chez nous des pattes et des ailes d'oies dont ma mère faisait des ragoûts avec des pommes de terre et des carottes, avec force sauce à tremper le pain; ce plat me soulevait le coeur et j'ai encore en mémoire ce côté lisse, gras et vomitoire des palmes (1). D'autres fois, c'était mieux, au moment de Noël, nous avions droit -privilège- à des plumes-duvets de couleurs, résidus des boas des artistes parisiens, nous saupoudrions le sapin de flocons rouges, verts, bleus, ...
Ma grand mère, sa veuve, aura eu jusqu'à la fin des oies blanches dans la basse-cour (une pour chaque enfant et chaque petit enfant en fin d'année), dont une, terrible, appelée Belotte, qui vivait dans la maison et se montrait vigile efficace (oh ses sifflements avant qu'elle nous reconnaisse!).
Sauvons l'oie blanche du Poitou!
(1) J'ai osé jadis envoyer par la Poste un ancien coffret à couvert contenant deux pattes d'oies serrées d'un ruban tricolore au père d'un ami qui venait de recevoir les Palmes académiques ... Une distinction de fait exceptionnelle et acceptée ...