Notre Dame de Laus, près de Gap. Les hautes Alpes.
Ici, de 1664 à sa mort en 1718, une bergère, Benoîte Rancurel, a vu la Vierge, avec des interruptions évidemment; des témoins dignes de foi -un juge, c'est dire, deux prêtres et un ermite- ont consigné régulièrement sur des registres les manifestations de ces apparitions sur la bergère (paroles, visage, extases, gestes, etc...). Ces textes, accessibles à l'oratoire, sont d'une précision juridique exceptionnelle.
Contrairement au deux petits voyants de la Salette (à une heure de voiture), Maximim et Pascaline, à qui la Vierge n'apparaîtra qu'une fois, deux siècles plus tard, et qui seront quasi "irrécupérables", Benoîte Rancurel s'est impliquée abondamment dans le pélérinage qui immédiatement s'est massivement mis en place, acceuillant personnes en souffrance, malades, pécheurs convertibles et princes ébahis de cette simplicité étrange.
Monseigneur Di Falco, évêque bien connu, donne aujourd'hui à Laus, dans son évêché de Gap et d'Embrun, une notoriété nouvelle.
Nous y étions l'autre jour, partis tôt matin en auto sous le soleil de Chartreuse, prêts pour grimper la montagne trois heures plus tard jusqu'au col de l'Ange, là où Benoîte Rancurel combattit le Diable; nous nous étions préparés depuis si longtemps pour cette lutte! Mais l'orage se mit à gronder, le ciel (le Ciel?) devint noir, funeste et funèbre, il tonna, la grêle en billes redoutables se mit à tomber drue, les cieux craquaient, la pluie devenait amazonienne, les éclairs zèbraient le noir d'une électricité terrifiante, les indigènes nous dissuadèrent sagement de progresser.
Fallait-il avoir reçu tant de grâces pour que le Ciel lui-même nous dispensât d'aller batailler contre le Diable au col de l'Ange, nous qui avions décidé pourtant de nous "jeter à Laus"...