Il m'est arrivé, après mes études, de connaître l'épreuve du chômage. Après le service militaire, avec mon doctorat de troisième cycle en sciences criminelles, je me croyais détenteur du sésame qui m'ouvrirait sur nos terres poitevines les portes du monde de la prévention, de l'éducation spécialisée, de l'enfance en danger, etc ...
Puis je me suis rabattu sur tout: l'enseignement, les assurances, la formation, ... Rien. Des retours de courriers où même mon nom était écorché.
"Travaille bien à l'école pour avoir un beau métier plus tard!" avais-je entendu continuellement à la maison, et je me retrouvais dans la queue de l'ANPE de telle ou telle ville, pour multiplier mes chances, et, d'abord "pointer" pour régulariser mes droits.
De cette épreuve, que peu de politiques carriéristes ont connue, j'ai conservé la marque, comme une plaie au fer qui vous reste animalement, et quand j'aborde politiquement la question de l'emploi, j'en sais toute l'humanité cruciale; tout ce que je peux inventer -on en parlera pendant la campagne- comme procédé d'accompagnement n'est destiné, comme un mikado, qu'à faire bouger l'accessibilité à l'emploi; je sais la mine quasiment inexplorée de l'économie sociale et solidaire, les friches de l'associatif parfois.
Hervé Revelli, l'ancien avant-centre emblématique des Verts, à 68 ans, s'est mis à la disposition de la Fondation de lutte contre l'exclusion avec comme obsession, en jouant sur sa "petite notoriété" comme il dit, par ses connaissances et ses réseaux, de trouver du boulot aux gens en perdition, et il ajoute: "Pour moi la politique c'est rendre service. Point." (in La Croix du 2 février 2015).
Pour moi aussi, puisque je sais dans ma chair qu'hors le travail, il n'y a point de dignité.