Monsieur Cottier, mon ancien coiffeur des années 1985-2005, est décédé la semaine passée à l'âge de 100 ans.
Il ne s'est arrêté professionnellement que parce que son fils, à 65 ans, aspirait à la retraite...
Sa boutique se trouvait en haut de l'avenue Jean Jaurès, près du boulanger; c'était, comme souvent à l'époque, un magasin de coiffeur-articles de pêche; j'y allais à 6 h 1/2 du matin, et, des fois, il y avait déjà un client avant moi!
Monsieur Cottier avait été jadis juré aux Assises de la Vienne, il en gardait un souvenir précis et nos discussions sur la justice étaient systématiques; un avocat général expérimenté m'avait dit, à mes débuts: "aux Assises, ne récusez jamais un coiffeur; le coiffeur est répressif, toute la journée il entend parler de faits divers par les clients, journal ouvert pendant la coupe". Exact!
J'aimais ce magasin, son ambiance, ces bonbonnes aux parfums colorés anciens: muguet, fougère, oeillet...
Les gens qui passaient pour acheter des lignes, des asticots...
Toutes ces boutiques ferment, remplacées par des franchises qui vous prennent cher pour couper, comme à moi, trois cheveux...
Car quand la boutique Cottier ferma, je fus désemparé, comme quand Roland Gaillon ôta la plaque de son cabinet médical alors qu'il fut notre médecin de famille pendant 25 ans. Un coiffeur, c'est aussi un coiffeur de famille, il sait plein de choses de vous et des vôtres (il est de mèche avec vous, si je puis dire); j'avoue avoir erré, de salon en salon, sans jamais avoir trouvé mon coiffeur idéal, mon "favori"!