L'historien britannique Antony Beevor vient de publier un gros pavé sur "La seconde guerre mondiale"; on y apprend des choses assez peu transmises comme le cannibalisme pratiqué par des soldats japonais ou l'opération Mars de novembre 1942 dans laquelle, comme aux échecs, Staline sacrifie délibérément 200 000 de ses hommes sur une fausse piste pour les Allemands afin de mieux assurer la victoire de Stalingrad.
Interrogé par Le Figaro littéraire, Antony Beevor dit ceci: "Je crois que l'histoire est une branche de la littérature et non pas des sciences, comme le prétendent les Allemands. C'est de la folie de dire qu'on peut être scientifique avec l'Histoire. Il faut accepter de ne jamais pouvoir écrire toute la vérité."
Ainsi faut-il attendre le 17 octobre 2012 pour que le président de la République française, contesté par la droite sur le sujet, rende hommage aux victimes (souvent des anonymes, des inconnus non comptés, 200 dit-on) de la "sanglante répression" de manifestants algériens le 17 octobre 1961 dont beaucoup furent tabassés et jetés à la Seine par des policiers agissant sous les ordres de Maurice Papon, préfet de police. Qui sera Ministre de la Vème République avant de ... etc... comme quoi tout est contingent, partiel, relatif.
On ne peut pas opposer les morts aux morts, il n'y a pas de bons ou de mauvais morts, mais j'ai une pensée aussi, en même temps que cette repentance, pour nos jeunes soldats en Afrique du Nord, contemporains de ces victimes algériennes à Paris, et qui furent égorgés, émasculés, retrouvés les testicules dans la bouche.
Oui, si l'Histoire était une science, elle devrait aussi tenir une comptabilité en partie double.
Restons- en à la littérature.