Marie-Hélène DAYDET et moi-même avons passé il y a peu un moment très agréable avec, à sa demande, un ancien élu qui voulait savoir quelle était ma "spécifité politique", en quoi je me distinguais d'autres candidats, notamment à gauche, pour la mairie. Nous avons pris de la hauteur!
Voici la teneur de la réponse, au cours évidemment d'échanges multiples.
Le programme de 2008 reste la base en cela qu'il trouve son coeur dans la démocratie locale: conseils élus de quartiers (des vrais) avec présence des 16-18 ans et des étrangers installés, conseil des jeunes et conseil des sages oeuvrant ensemble, apport réel du conseil de développement conçu comme un véritable conseil économique et social; nous avions déjà à l'époque évoqué les jurys citoyens pour évaluer la politique de la Ville; aujourd'hui je me battrais (car tous ne voyaient pas comme moi) pour un comité d'éthique local qui serait saisi par tout citoyen contribuable estimant que quelque chose n'est pas "clair" et mérite à tout le moins explication ou éclaircissement, sinon investigations.
Pour résumer, ma spécificité, c'est redonner aux gens les responsabilités dont ils ont été dépossédés par un détournement de la démocratie représentative. En disant cela, je suis bien au-delà de la démocratie dite participative.
Après, il y a une approche des missions régaliennes dans la cité, de l'économie, de la culture, de l'urbanisme, de la vie associative, etc...qui m'est propre mais l'essentiel, le pivot, c'est la vie démocratique, comme un vecteur transversal entre tous ces thèmes.
Je crains qu'autre part, même à gauche, en dehors de discours convenus et généralistes sur la démocratie, on n'ait guère envie, toujours par cette crainte de perdre le pouvoir, de fonder une véritable pensée politique municipale innovante et libératrice.
Mais en craignant de perdre le pouvoir, qui appartient au peuple, on perd en fait toute autorité; le maire doit être le garant du bon fonctionnement de tous ces contre-pouvoirs qui iront quérir une bonne partie de tous ceux qui étaient exclus de la vie publique et du vote; c'est cela, le challenge de demain.
Car il est vital, oui vital, de rompre avec les pratiques antérieures, de droite comme de gauche, qui ont privé les habitants de la conduite de leur vie collective, sans eux ou faussement avec eux, par des consultations de pacotilles, dans le meilleur des cas.
On voit bien d'ailleurs, au niveau de l'économie, que nombre de citoyens, avec les AMAP, les jardins familiaux ou autres structures associatives, et a fortiori avec les coopératives ouvrières, veulent se réapproprier les circuits de production et de distribution et que "la revitalisation de la démocratie politique passe par la démocratisation de l'économie" (Hugues SIBILLE, président de l'agence de développement de l'innovation sociale, et Tarik GHEZALI, délégué général du Mouvement des entrepreneurs sociaux, in La Croix, 14 juin 2011); on se bat pour notre souveraineté alimentaire, la liberté dans notre assiette comme dirait mon ami radical Benoit BITEAU, et on ne se battrait pas pour notre souveraineté politique et municipale? Ce serait à n'y rien comprendre.
Foncièrement, sur ce terrain-là, nous sommes au-delà de la tactique politicienne et du dosage entre partis (quelle épreuve, quand on y songe: trois jaunes, deux violets, quatre blancs, six bleus, quatre marrons, dont la moitié inutiles!). Sortir de cela.
La troisième voie, la seule, elle est là, dans ce redéploiement démocratique d'envergure de l'action municipale; c'est en quelque sorte, pour moi, un "bloc constitutionnel" non négociable pour travailler avec d'autres.
Notre ami est reparti soulagé, et confiant.