Le porte-à-porte est hélas édifiant, si l'on peut dire. Il faut se rendre à l'évidence.
Nous vivons désormais ici sur des mythes, celui de la nation, celui de la démocratie, celui de la citoyenneté, celui du combat des idées, celui même de savoir ce qu'est simplement une ville; qui rencontre-t-on souvent?
Des gens qui ignorent le calendrier électoral, qui n'en perçoivent aucune utilité, qui se moquent de la chose publique comme de leur première chemise, qui ne savent même pas s'ils sont inscrits sur une liste électorale et où se trouve leur bureau de vote au cas où ils seraient inscrits; d'autres qui revendiquent l'abstention comme la seule réponse au "tous pareils!" et au "la politique, ça ne sert à rien, qu'à s'en mettre dans les poches!".
C'est le résultat de quoi?
Sans doute des causes générales: la propagation de l'ignorance et de l'inculture, le remplacement du mot par le borborygme, le repli sur soi, la désespérance, le constat de l'impuissance politique et de ses harangues médiatiques, l'absence de foi collective, la répulsion des joutes politiques navrantes et outrancières, toutes notions conduisant à l'abstention qui a fait le bonheur des grands partis en place puisque le désert votatif les a "renforcés". A quel prix...
Sans doute des causes locales: l'anesthésie du pouvoir en place qui a vidé l'initiative citoyenne dans cette ville, l'éclatement des micro-quartiers sans sentiment d'appartenance à une ville avec un destin à délibérer, le vieillissement de la population, la perte massive d'emplois, l'habitat dégradé, la misère, la fuite des cerveaux et des jeunes, le statu quo dans nombre de stuctures usées, aux personnels et aux administrateurs usés par des années à tout porter sans considération.
Quand nous retrouverons l'animation (ou plutôt la réanimation) de cette ville, il y aura du pain sur la planche, et pour des années; le marasme est entier, le discrédit total, l'envie nulle, c'est la ville de France de sa strate qui a perdu en six ans le plus d'habitants et d'emplois (INSEE).
En 1983, Edith Cresson avait permis, dans un contexte global difficile pour la gauche, que Châtellerault soit la seule ville de France de sa catégorie prise à la droite; le mandat qui avait suivi, et dont beaucoup ont le souvenir, avait tout refondu: transports, économie, culture, sport, urbanisme, services; en ces temps-là, on ne parlait pas de démocratie locale parce que l'esprit citoyen s'imposait d'évidence et que les gens étaient largement impliqués dans la chose publique.
En 2014, c'est notre challenge, rééditer l'histoire, la démocratie locale en plus -parce que c'est cette perfusion du débat qui va sauver le grand corps malade châtelleraudais-.