Deux animaux cohabitaient hier sous mon regard: ma brebis Dolly et un anonyme corbeau audacieux, venu "piquer" le morceau de pain qu'elle ne prenait pas assez vite.
Ce cousinage imprévu m' a inspiré.
Le monde est une ménagerie qu'Esope, La Fontaine ou Jean Anouilh ont su analyser en en faisant une transposition littéraire et anthropomorphique. Jésus eut aussi recours à des paraboles zoologiques pour mieux faire passer ses messages auprès d'une population agraire, dans tous les sens du mot.
Ainsi l'image évangélique de la brebis de ce dernier dimanche, que le berger connaît pour elle-même et dont elle-même reconnaît la voix, renvoie-t-elle à la relation personnelle humaine, individuelle, avec le divin.
Dans un autre texte, le même berger quittera ses 99 brebis parquées pour aller quérir la centième, celle qui était perdue.
Ne sommes-nous pas tous, quelquefois, celle-ci?
Le corbeau, en revanche, n'est guère prisé dans tous ces écrits, hors la fable célèbre avec le renard, relative à un fromage; Henri-Georges Clouzot fit un excellent film, reposant sur des lettres anonymes perfides envoyées par un humain corvidé (corps vidé?); aujourd'hui si Clouzot refaisait son "Corbeau", il le ferait sans doute téléphoner.
Les archivistes municipaux étaient, il y a quelque temps, en train de classer les courriers de délation reçus pendant l'Occupation; ils en étaient estomaqués; l'époque est passée, mais l'esprit demeure: dénoncer.
Allez, Dolly, viens.