Le journal La Croix a rendu public la semaine dernière le listing des centaines de morts de la rue de l'année 2017; parfois un prénom, parfois juste la mention "un homme", avec le jour et la ville.
Le conseil municipal de Châtellerault de jeudi dernier a pris connaissance des attributions de marchés publics, dans un indifférence coutumière -on fait confiance, c'est bien naturel-. Parmi ces attributions celle à une entreprise funéraire locale du marché des obsèques des indigents ou inconnus, aux frais de la ville. Total: 10 000 euros pour l'année 2018.
Autrement dit, à ce prix-là, au-delà de deux ou trois unités, les conditions matérielles des funérailles de ces défunts silencieux seront assez modestes pour ne pas dire misérables: cercueil de carton-pâte (j'exagère à peine), cérémonie minimaliste et monument zéro.
C'est un vrai sujet qui mériterait débat, car il touche à notre conception de la dignité humaine et de l'accompagnement social ultime de la précarité ou de l'abandon.