On se souvient de la violence déchaînée de Jean GABIN devant un BOURVIL trouillard dans "la Traversée de PARIS", lançant "Salauds de pauvres!" avant de quitter un bar avec les deux valises du fameux cochon découpé par Louis de FUNES.
J'y pensais en lisant deux articles de presse du 28 septembre, l'un dans La Croix, l'autre dans le Figaro.
Dans La Croix un résumé du petit livre publié par Le Monde Diplomatique, et que je venais justement de terminer dans le train, "L'art d'ignorer les pauvres", de GALBRAITH (1); dans le Figaro une chronique sur les fraudes aux allocations et la récupération de 90% des indus. Là, on met plus de moyens que pour les abus de biens sociaux et les délits d'initiés!
La passerelle entre les deux articles, elle se trouve dans Benjamin FRANKLIN, cité dans GALBRAITH: prenez aux pauvres pour donner aux riches, ils pourront investir pour les premiers!
En plus, à la fin du petit bouquin, un texte terrifiant de Jonathan SWIFT, le père de Gulliver, défendant, dans un conte sordide, l'opportunité financière pour les pauvres de vendre leurs bébés avant un an pour en faire de l'excellent et délectable "nourrisson de boucherie"; non seulement les pauvres gagneraient de l'argent, mais en plus ils s'éviteraient (et l'Etat aussi) des bouches inutiles et oisives à nourrir plus tard. Texte peu connu mais, je vous le jure, difficilement lisible jusqu'au bout. Même au second degré.
(1) L'art d'ignorer les pauvres, de John Kenneth GALBRAITH, Les liens qui libèrent, Le Monde diplomatique, 78 pages, 6 euros.