A Lampedusa, l'île italienne où viennent échouer ou mourir nombre d'africains candidats à l'émigration sur des embarcations d'infortune, le pape François a dit que nous étions "innommables", c'est-à-dire, dans cette "mondialisation de l'indifférence", incapables de nommer le ou les hommes qui nous font face et qui croisent notre destin.
J'y songeais ce matin encore en formant de futurs collègues au contentieux de la psychiatrie sous contrainte.
Je recevais en effet quatre patients et patientes.
Et le premier conseil que j'ai donné, ce fut: "Serrez la main, avec conviction, et appelez la personne par son nom, Mr, Mme ou Mlle et le nom, accompagnez-la jusqu'à son siège, au besoin faites un geste de toucher sur l'épaule si cela peut rassurer."
Et à l'issue de l'audition, même chose, dans l'autre sens.
Il peut y avoir des mains sales, des mains malades, ce n'est pas le problème.
Nommer, c'est normer, c'est mettre quelqu'un dans la normalité de l'identification et de l'identité.
C'est respecter son humanité, qu'il partage avec nous.