J'ai tant de choses à dire et à écrire...
J'ai tant lu et vécu ces jours-ci.
L'année fut si dure...
Et pourtant, je vais choisir quelques jours de silence, entre le boeuf et l'âne.
Le boeuf, symbole de cette loi juive de stricte observance, un peu pharisienne, qui nous ramène à la société polissée et hypocrite.
L'âne, symbole de royauté désuète, d'un autre monde, signe de liberté, de modestie et d'imprévisibilité.
Nul ne progresse et ne vit en homme débout s'il ne gère en lui et avec les autres ces deux pôles écartelés, comme dans les binômes de la littérature (Don Quichotte et Sancho de Cervantes, Jacques le fataliste et son valet de Diderot, et tous les couples maître-valet de Molière, de Brecht et autres).
Mais pour réconcilier en soi ces deux acteurs opposés en apparence, il faut le silence, le silence en soi, l'âme passée au fil à plomb, le silence de la nuit solsticiale, de la nuit de Noël, si mystérieuse, profonde.
Et, au matin blafard, venir dans l'encolure de mon ânesse saisir toute l'histoire du monde.
Silence...