J'ai eu du temps hier pour déambuler dans CHATELLERAULT; il est vrai que la grisaille humide n'aide guère à la beauté des paysages, mais quand même...
Le quai Napoléon sinistre et sinistré, les Cordeliers comme un cloaque, le quai du château pas terrible en dehors de la refonde du mur sous le jardin dit de la bibliothèque. Et puis, "la seringue sur le gâteux" (réplique déposée), vu d'en face, le futur ex-hôpital avec son début de bloc scolaire nouveau, qui est déjà un bloc, ça c'est sûr. Horrible. Vue de la place Sainte Catherine cette fois, la juxtaposition anachronique avec l'hôtel Alaman fait honte. A quoi sert, conformément à mon projet, de mettre en valeur Saint Romain, si à 150 mètres on mascande un site qui pouvait être exceptionnel? Alors, quand le ciné s'élèvera, avec sa "modernité" probable et son audace cubique prévisible, ce sera l'apothéose dans le quartier.
Dépité, je suis allé promenade des Acadiens, me re-sourcer à la Vienne, légèrement gonflée, rousse, marron, en contemplant ces troncs à la dérive, guidés par des mouettes avisées qui avaient l'air vraiment de les conduire. Et je songeais, en voyant notre île Cognet submergée, à la dernière strophe d'une de mes compositions chantées le 9 janvier 2008 au Nouveau Théâtre par un jeune d'Ozon qui, lui (...), avait eu le courage de le faire:
"Mais je sais bien qu'un jour, demain,
nous descendrons à la rivière,
et nous nous tiendrons par la main
pour y danser la nuit entière..." (strophe en bis).
Oui, c'est la Vienne qui sauve la ville, mais la ville ne le lui rend pas.