Je lisais dans la Nouvelle république de dimanche dernier qu'Alain Claeys, le maire de Poitiers, avait promis, lors d'un repas d'anciens, de réouvrir la porte permettant d'entrer dans la salle des pas perdus du palais de justice depuis la rue du marché. Il y a là, derrière, des marches qui montent jusqu'à l'arrière de la Cour d'Appel.
Bientôt la nouvelle cité judiciaire des Feuillants accueillera tout le fonctionnement de la justice et l'ancien palais des ducs et des comtes d'Aquitaine et du Poitou sera rendu à son ou ses propriétaires institutionnels, ville ou Etat, que sais-je.
Les policiers et les magistrats poitevins ont toujours appelé ce passage "l'échelle du palais"; quand on ne souhaitait pas, pour des raisons de sécurité ou de discrétion, qu'un inculpé ou un condamné soit aux prises avec le public ou les flashs des journalistes, on le faisait passer, à l'entrée ou à la sortie de l'événement judiciaire, par cette "échelle du palais". La vie de la justice est encore palpable là-bas pour quelque temps encore, des destinées, des hommes, des femmes ont transité par cet espace quasi secret. Dans cinq, dix, vingt ans, toujours la même question: qui se souviendra? Je souhaiterais qu'il reste quand même sur place un écho, un témoignage de ce que furent ces lieux dans l'histoire si particulière de la ville et du département. N'oublions pas, non plus, sur place, la descente jusqu'à la salle dite Jeanne d'Arc où notre sainte combattante fut entendue, déjà, par ses juges. Ce n'est pas rien. "L'échelle du palais" montrerait-elle jusqu'au Ciel?
