28 avril 2013
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Depuis mes échanges il y a vingt ans avec l'excellent et humain Loïc Miot -les pompes funèbres Boutet-MIot- sur la mort et les cérémonies autour de la mort, je me suis pris d'une certaine passion pour le sujet et ma bibliothèque est assez fournie à ce propos: Aries, Urbain bien sûr, Jankélévitch, Morin, etc...
Je découvre avec bonheur "Quelques corps parmi les morts", de Michel Richard, chez Fayard. Passionnant.
Il écrit: "les enterrements eux-mêmes ne m'effarouchaient pas (...) Je peux même dire, sans exagérer, qu'un enterrement m'ennuie moins qu'un mariage." Et d'ajouter, sur ce point, qu'il ressent, lors des retrouvailles d'obsèques "une joie presque incongrue d'une intensité dont on ne ressent pas l'équivalent lors d'un mariage."
Ce n'est pas faux. Quelquefois, à un mariage (d'abord il y en a de moins en moins, alors que des décès...), on ne sait pas trop à qui parler, on reste dans son coin; on a même des excuses pour ne pas venir (un autre mariage, inventé, ailleurs, en même temps). Tandis qu'un bon enterrement, ça ne se manque pas, on retrouve avec plaisir des gens qu'on n'a pas vus depuis si longtemps, le défunt fait l'unanimité. On papote pendant que les croque-morts font leur office, j'en vois même qui rigolent. Et quel appétit autour de la table (on a un trou, si je puis dire, qu'il faut combler).
Ce petit bouquin sur la mort est revivifiant. Il m'a rajeuni.
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27 avril 2013
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L'aministie sociale contre laquelle j'avais protesté ici dès le début est enterrée au nom de l'ordre républicain.
Après avoir supporté avec les louanges de Christiane Taubira au Sénat cette proposition de loi venue du Front de Gauche qui amnistiait notamment les casseurs et autres habitués violents des manifestations, le gouvernement, sous le contrôle du président de la République, fait marche-arrière, au grand dam d'André Chassaigne, puisque le commission des lois de l'Assemblée nationale a rejeté ce texte, le groupe socialiste mettant en avant le contexte d'agitation sociale que traverse la France.
C'est vraiment un gouvernement de l'opinion à géométrie variable. Y a-t-il des agitations sociales plus valorisantes ou méritoires que d'autres?
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26 avril 2013
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Je suis en train de lire un ouvrage complètement oublié de notre auteur régional du siècle dernier René Boylesve, La Becquée, publié en 1948 chez Calmann-Lévy. J'avoue que j'ai un peu de mal mais j'irai jusqu'au bout! Tout cela a vieilli, malgré la propreté de l'écriture (ou à cause d'elle).
C'est l'histoire d'un petit garçon découvrant le monde des adultes entre La Ville aux Dames et Langeais dans la bourgeoisie terrienne.
A un moment (page 75) un adulte le "branche" sur la décoration d'un vieil oncle, à la boutonnière; la première réplique est celle de l'enfant:
"- Il n'a pas l'air méchant, mais il est décoré.
- Eh bien?
- Est-ce que c'est qu'il a fait la guerre?
- Non, il n'est jamais sorti de chez lui.
- Alors, qu'est-ce qu'il a fait?
- Rien.
- Alors, pourquoi est-il décoré?
- Parce qu'il a toujours été bien avec tout le monde.
- Ah!...Mais, au moins, il faut être bien pendant très très longtemps?
- Tu vois: quatre-vingts ans, à peu près.
- Ca doit être difficile.
- Je te crois!"
J'ai beaucoup aimé!
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26 avril 2013
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Loire éternelle aux rêves maritimes,
j'ai confi-é à tes eaux déversées
l'espoir secret de mes pensées intimes
au rythme fort de ton flot cadencé.
Ton eau a des reflets d'argent coupés
par un remou soudain, inattendu,
qui fait valser mon coeur dans une paix
où absolument rien n'est défendu.
Oh je ne dois pas être le premier
à s'émerveiller de tant de brillance,
à recompter sur mes dix doigts les pieds
de mes vers pour réciter -vaillance-
l'hymne que je dois à ta blanche écume,
à ce tressaillement universel,
cette odeur qui me tient et que je hume
comme une île blonde et comme une aisselle.
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26 avril 2013
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Dans ma jeunesse, comme beaucoup de mes contemporains étudiants, le suicide était la question centrale, fascinante, la seule pour laquelle, en caricaturant Camus, il fallait ... vivre.
Alors la découverte d'Emil Cioran et de ses textes lucidement désespérés sur la mort et sur l'ineptie de la vie, c'était du pain béni; j'ai dévoré avec délices des centaines d'aphorismes cioranesques sentencieux et mortuairement péremptoires. J'en apprenais par coeur!
Las! Je découvre aujourd'hui, à travers Vincent Piednoir, spécialiste ancien de Cioran, dans son récent ouvrage "Cioran avant Cioran, Histoire d 'une transfiguration", aux éditions Gaussen, que Cioran, alors qu'il était encore dans sa Roumanie natale, avant de venir en France , écrivait entre 1934 et 1937 des textes admiratifs en faveur d'Adolf Hitler , "l'homme politique le plus sympathique au monde", et des textes abjects contre les Juifs ("le Juif n'est pas notre semblable, notre prochain (...) On dirait que les Juifs descendent d'une autre espèce de singes que nous (...) Nous ne pouvons pas nous rapprocher d'eux car le Juif est d'abord un Juif et ensuite un homme").
Officiellement, ces écrits n'ont jamais été reniés.
Finalement, j'aurais du supputer, avec mes camarades étudiants, que cette haine de soi, ce mépris des autres et de l'existence, qui nous séduisaient intellectuellement dans notre désespérance jubilatoire d'alors, n'avaient pu advenir que sur un terreau de misère; je regrette infiniment de ne pas l'avoir deviné, et j'en ai froid dans le dos. Si on savait tout...
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25 avril 2013
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Nous déjeunions dehors au soleil tourangeau avec quelques collègues et il y avait près de nous une table réunissant des hommes et des femmes du secteur commercial ou bancaire, d'entre 30 et 40 ans; un individu assez ventripotent faisait rire à en pleurer les jeunes femmes par quelques âneries sexuelles et des jeux de mots éculés. Rien que de très banal en ces temps ensoleillés où les dames ont sorti leurs poitrines de printemps qui excitent les cadres.
A un moment, l'une de ces jeunes femmes a dit au plaisantin qu'il était un vrai boute en train (sic).
Oh là, là! Si elle savait!
Beaucoup croient que l'homme qui fait rire la femme a gagné l'avantage de la séduction à venir. Que nenni. Au contraire. Elle partira avec le stoïque silencieux qui rira intérieurement du vain déploiement d'humour de son balourd de voisin. Pourquoi?
C'est Jean Le Poulain qui me l'avait appris dans son ouvrage "L'agonie du pître" qui doit dater d'il y a 30 ans.
Dans le monde équestre et équin, le boute en train est le nom technique donné au cheval commun qui va exciter une jument d'élevage jusqu'au moment où, l'excitation ayant fait son oeuvre, on fera intervenir l'étalon jaillissant et actif au détriment du dit boute en train qui retournera dans son box, son appareil reproducteur entre les pattes.
On peut transposer cela à l'humanité!
Donc qu'une femme dise à un homme qu'il est un drôle de boute en train est risqué, sauf si elle est initiée et qu'elle sait que d'autres le sont autour de la table. C'est alors du grand art.
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25 avril 2013
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Au moins une vingtaine de poubelles et de conteiners ont brûlé l'autre nuit à Châtellerault, à Ozon et dans le centre ville; on dit qu'une dizaine de jeunes (?) auraient été vus à ce petit jeu-là; on évoque des représailles contre la police, une protestation après une triple condamnation correctionnelle ferme à Poitiers pour trafic de stupéfiants, une vindicte contre la rénovation urbaine d'Ozon, etc...
Bref, on n'en sait rien.
Ce que je sais, en revanche, c'est que l'action de la justice, identifiée comme poitevine, est par trop éloignée de la jeunesse châtelleraudaise concernée; Poitiers, c'est un autre monde. Une autre planète.
Contrairement à ce qu'il avait promis en conseil municipal il y a plusieurs années, Jean-Pierre Abelin n'a jamais pris à bras-le-corps la question de la création d'une maison de la justice et du droit dans notre ville, n'a jamais engagé les autorités judiciaires à venir tenir dans notre ville des audiences dites foraines au plus près des gens qui en ont besoin.
Il nous faut des permanences visibles de la protection judiciaire de la jeunesse, du service d'insertion et de probation des adultes, du conseil départemental d'accès au droit, des consultations juridiques pour les mineurs, davantage de lieux locaux de travaux d'intérêt général, davantage de visiteurs de prison châtelleraudais à Vivonne.
Bref, il faut bosser. Et bosser juste pour que la jeunesse en délicatesse pénale et comportementale n'ait pas un sentiment d'injustice d'abord, puis d'impunité ensuite.
Que ces bennes perdues ne soient pas des peines perdues. Et réciproquement.
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24 avril 2013
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Deux animaux cohabitaient hier sous mon regard: ma brebis Dolly et un anonyme corbeau audacieux, venu "piquer" le morceau de pain qu'elle ne prenait pas assez vite.
Ce cousinage imprévu m' a inspiré.
Le monde est une ménagerie qu'Esope, La Fontaine ou Jean Anouilh ont su analyser en en faisant une transposition littéraire et anthropomorphique. Jésus eut aussi recours à des paraboles zoologiques pour mieux faire passer ses messages auprès d'une population agraire, dans tous les sens du mot.
Ainsi l'image évangélique de la brebis de ce dernier dimanche, que le berger connaît pour elle-même et dont elle-même reconnaît la voix, renvoie-t-elle à la relation personnelle humaine, individuelle, avec le divin.
Dans un autre texte, le même berger quittera ses 99 brebis parquées pour aller quérir la centième, celle qui était perdue.
Ne sommes-nous pas tous, quelquefois, celle-ci?
Le corbeau, en revanche, n'est guère prisé dans tous ces écrits, hors la fable célèbre avec le renard, relative à un fromage; Henri-Georges Clouzot fit un excellent film, reposant sur des lettres anonymes perfides envoyées par un humain corvidé (corps vidé?); aujourd'hui si Clouzot refaisait son "Corbeau", il le ferait sans doute téléphoner.
Les archivistes municipaux étaient, il y a quelque temps, en train de classer les courriers de délation reçus pendant l'Occupation; ils en étaient estomaqués; l'époque est passée, mais l'esprit demeure: dénoncer.
Allez, Dolly, viens.
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23 avril 2013
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Dimanche a dardé son soleil
outrageusement, enfin!
Utrillo aurait pu peindre mon jardin, et Manet, et Cézanne!
Bleu, le ciel m'enivre dans ma forêt de bouleaux blancs, hauts et tremblants.
La vie est là-haut, je sais, la tête me tourne
en la nef invisible au sommet de l'azur quand les lilas m'étreignent
secrètement.
Grappes infiniment belles et odorantes, blanches mais surtout mauves,
invitant nos narines à vous sentir pluvieuses,
savourant ces parfums charnels et déroutants!
Année après année, que j'aime vos brassées
nichées dans le creux de mes bras comme un cadeau d'enfant
timidement aimant!
Senteurs que la rouille future viendra anéantir, hors le souvenir, tenace.
Nota: ces lilas d'un mauve très particulier, doubles, ont été plantés par mes ancêtres, ils sont ma force et ma projection.
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22 avril 2013
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A GRIGNY, ville de l'Essonne gérée par le Parti Communiste Français, une expérience immobilière et sociale est menée depuis quelques années, qui mériterait d'être étendue.
Il s'agit de la location-vente de maisons et d'appartements sur le principe du leasing pratiqué pour les voitures.
Au début les familles sont locataires et versent un loyer et, au bout d'un délai entre un et cinq ans, elles peuvent racheter leur logement à un prix et à un taux attractifs, environ 20% en dessous du prix du marché; une partie des loyers sert également d'apport personnel.
Voilà une solution médiane intelligente, qui permet de ne pas jeter indéfiniment des loyers à fond(s) perdu(s) et de stabiliser des populations qui se plaisent dans un quartier.
Ajout: intéressant par rapport à Ozon notamment où des gens sont locataires depuis longtemps, et se plaisent.
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