Certains se souviennent à CHATELLERAULT de Gilles BACQUAERT, avocat parisien qu'Edith CRESSON avait amené dans ses bagages en 1990; il ouvrit dans notre ville un éphémère cabinet d'avocat, petite rue Saint Jean.
Proche de Jean-Pierre CHEVENEMENT, Gilles BACQUAERT intégra en effet la préfectorale et fut notamment nommé sous-préfet de CHATEAU-THIERRY, la ville de Jean de LA FONTAINE (quelles splendides fêtes le dernier dimanche de juin!) (1) et du célèbre juge MAGNAUD.
Avec son épouse Odile, toujours avocate aujourd'hui à PARIS, il m'offrit la photographie connue en toge de cérémonie de ce magistrat, le bon juge MAGNAUD, celui qui en 1898 relaxa au nom de l'état de nécessité (alors dit contrainte morale) la "fille MENARD", fille-mère qui avait volé un pain pour nourrir son enfant; l'affaire fit grand bruit et on en parle encore dans les prétoires aujourd'hui.
Ce qu'on sait moins c'est que Paul MAGNAUD, quittant la magistrature, devint député radical de l'Aisne et tenta de faire avancer par la loi ses idées d'humanité et de progrès; il fut un ardent abolitionniste de la peine de mort; mais il échoua, notamment en raison de l'opposition entre son chef CLEMENCEAU et le socialiste JAURES, et, certainement, d'une haute , trop haute conception de la politique, alliée à une connaissance, de par son métier, des vrais problèmes de la population: un handicap!
" M. JAURES parle de très haut, absorbé dans son fastueux mirage mais moi, dans la plaine, je laboure le sol ingrat, qui me refuse la moisson."
Sa vie est racontée dans un excellent petit bouquin de Mohamed SADOUN, qui vient de sortir, avec une préface d'Henri LECLERC, qui est très belle.
(1) Au musée Jean de LA FONTAINE, on peut voir une litographie représentant le château du parc du verger à CHATELLERAULT, propriété du cousin Jean PIDOUX, où le poète écrivit "le pêcheur et le petit poisson" ("Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras") avant de filer sur LIMOGES et d'écrire en route, vers BELLAC, "la mouche du coche".